Je restais un instant à fixer notre nouvelle maison. Nous l’avions fait. Nous emménagions ensemble. Mon supérieur avait tenté de me l’interdire. J’avais avancé la carte de la couverture plus sûre, plus ancré. Je faisais mon possible pour cacher mes véritables sentiments pour Matthias. S’il s’en doutait, je savais que je risquais d’être réaffecter. Hors de questions de me séparer de lui, ou de Cass. J’avais une vie ici, que j’aimais, malgré mes secrets. Et emménager avec lui était finalement un rêve que je ne pensais même pas avoir.

Le plus dur avait finalement été de déplacer mon matériel secret ici, sans qu’il ne le voit. Je l’avais fait cette nuit. Nous avions eu les clefs dans la journée, mais il n’y avait qu’aujourd’hui que nous pouvions déplacer le tout. J’avais longtemps chercher où tout ranger. Il me fallait un endroit auquel je puisse accéder rapidement en cas d’urgence, tout en étant bien caché pour que Matthias ne tombe jamais dessus. Un jour, il découvrirait sûrement le pot aux roses. Mais j’espérais que ce serait le plus tard possible. Que je puisse le garder auprès de moi le plus longtemps possible. Je savais que le jour où il comprendrait qui j’étais vraiment, il me quitterait aussitôt.

J’avais fini par trouver une latte de plancher branlant dans la chambre d’amis. J’avais pu y glisser mes armes, mes faux papiers et d’autres petites choses que j’utilisais en mission. Et ce matin, nous avions commencé à déplacer nos affaires dans la maison. Je sortis le dernier carton de ma voiture et entrait dans la maison. Je le déposais dans le salon et me dirigeais vers la chambre, où Matthias montait notre lit quand j’étais sortie. Il venait visiblement de finir quand j’arrivais, puisqu’il se redressait au même moment. Étant dos à moi, il ne me vit pas arriver et j’en profitais pour glisser mes bras autour de lui. C’était ce qui me plaisait le plus dans cet emménagement, l’avoir près de moi tout le temps. Je déposais même un baiser sur sa nuque. « J’ai ramené le dernier carton. On peut peut-être se permettre une petite pause maintenant. »

Si on m’avait dit il y a quelques années que je m’installerais ainsi avec un homme, j’aurais surement rit au nez de cette personne. C’était loin de celle que j’étais avant. Déjà, vivre une véritable relation avec un homme était carrément une utopie, mais là… Sans tout ce que j’avais à lui cacher, tout aurait été parfait. Mais d’un autre côté, je me rendais bien plus compte de la chance que j’avais en sachant que je pouvais le perdre à tout instant. J’apprécie bien plus de le sentir dans mes bras à cet instant. Et mon sourire est tout sauf feint quand il se tourne vers moi. « Ce n’est pas moi qui vais refuser ! Ce lit est plus lourd qu’il n’y parait, je ferais n’importe quoi pour un massage. Et si tu veux, on pourra même commander quelque chose pour ce midi. Et ce soir. Et demain. Et tout les jours suivants. » Ses mains passent sur mon visage, redescendant vers mon dos en passant par mon et mes épaules. « Si t’es sage, tu auras droit à un massage. » Lui dis-je alors qu’il dépose un baiser sur mon front. Il va ensuite plus bas, s’appropriant avec douceurs mes lèvres. Je resserre davantage mes bras autour de lui. Quand il éloigne ses lèvres, je reprend doucement avec un sourire. « Va pour commander ce midi et ce soir. Peut-être même demain. Mais après je retourne aux fourneaux. Enfin, au micro-onde surtout. » Il savait très bien quels étaient mes compétences en cuisine. Et il n'acceptait quand même. Cet homme était une perle. Je ne pouvais qu'espérer qu’il accepte tout le reste quand il le découvrira. Je remontais mes mains, les passant autour de son cou. « Ou je pourrais apprendre à cuisiner pour de vrais. Ca me parait plus intéressant maintenant que je sais qu’il y aura toujours quelqu’un pour manger avec moi. » Le pire, c’est que je le pensais vraiment. A croire que je me découvrais un romantisme que je ne pensais pas avoir.