Vérifiant une dernière fois que tout était bien éteint, Verity récupéra ses affaires dans l’arrière-boutique et quitta la librairie après l’avoir fermé. La journée touchait à sa fin, mais la jeune femme n’était pas si pressée que ça de rentrée. Depuis qu’elle avait découvert ce qu’était la vie, elle voulait profiter de chaque moment, toujours curieuse de découvrir de nouvelles choses. Et, comme le temps était clément, la brune comptait bien se faire un petit tour en ville, pour prendre un peu plus ses repères dans la ville. L’adaptation avait été quelque peu difficile pour l’Alpha au sujet de la ville. Elle n’avait jamais réellement su mentir et elle devait se faire passer pour quelqu’un de nouvellement arrivée ici pour justifier sa non-connaissance d’un certain nombre de choses. Heureusement pour elle, on ne lui posait pas beaucoup de questions et même la propriétaire de la librairie avait accepté de la payer en liquide. La brune aurait vraiment eu du mal à expliquer pourquoi elle n’avait pas de compte en banque, ni qu’elle savait pas s’en servir. Il lui arrivait même parfois de se demander si elle n’aurait pas mieux fait de rester au Fort.

Arrivant dans une rue marchande qu’on lui avait conseillé, Verity commença à observer les devantures des boutiques, s’autorisant ce qui allait sûrement s’apparenter à une perte de temps. Mais elle aimait bien ça. Pouvoir regarder ce que faisait les différentes enseignes et s’imaginer dans certains vêtements qu’elle pouvait voir en vitrine. Peut-être s’autoriserait-elle un petit achat avec l’argent qu’elle avait sur elle, mais ce jour-là, ce fut autre chose qui attira l’attention de la jeune femme.

Si elle n’avait pas vu d’autre personne utiliser ces machines à sous, elle n’aurait sûrement rien vu. Mais à force d’observer, elle avait compris comment fonctionnait un distributeur de billets, et Verity était certaine qu’il manquait quelque chose quand elle vit une jeune femme l’utiliser. La brune ne voulait pas passer pour quelqu’un qui épiait les autres, mais c’était une mauvaise habitude qu’elle avait prise depuis sa liberté. C’était un de ses seuls moyens pour rattraper ses vingt-sept années de captivité dans le fort où on ne leur avait pas vraiment appris à vivre une vie des plus normale. Alors quand elle vit la blonde utiliser le distributeur mais sans vraiment faire usage de carte, Verity compris qu’il y avait un soucis. Et dans sa grande naïveté face au monde qui s’ouvrait a elle, une suggestion lui vint à l’esprit. Et si cette personne faisait partie des quelques Alpha ayant réussis à s’échapper ? Sur le coup, elle y cru tellement, qu’elle s’approcha de la personne sans vraiment savoir comment l’aborder. S’il y avait bien une chose qu’elle avait compris c’était qu’il ne fallait pas clamer haut et fort qu’elle était une mutante. Il lui fallait un moyen subtile de lui demander, quitte à passer pour une folle.

« Euh… Pardon de vous déranger, mais… vous ne seriez pas une alpha ? »

Verity avait été un peu hésitante, mais elle ne connaissait pas la meilleure manière de demander. Elle avait finalement opté pour l’utilisation du terme qui la désignait, elle et ceux de sa génération, se disant que si jamais elle n’en était pas une, elle pourrait toujours trouver quelque chose pour se justifier, sans réellement mentir.

La manière dont Verity avait abordée l’inconnu pour essayer de savoir si c’était une mutante, n’avait peut-être pas été la meilleure manière de faire. Il est vrai qu’évoquer la possibilité qu’elle soit une alpha était peut-être un peu vague, mais de ce qu’elle savait, la brune avait compris qu’il ne fallait pas mieux se pointer la bouche en coeur pour demander si c’était une mutante. Surtout que, si jamais elle était tombée sur quelqu’un travaillant au fort, la petite alpha venait de s’offrir un billet aller simple pour retourner dans les laboratoires des militaires. Heureusement pour elle, cette option ne semblait pas à être envisagée. En effet, la miss avait été un peu naïve en y allant pas par quatre chemins, mais c’était une chose qu’elle n’arrivait pas encore à changer chez elle.

Alors que la jeune femme a qui elle avait demandé cela lui répondit de manière négative en expliquant qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait, la jeune femme eut un air confus. En la voyant user de capacités spéciale, Verity avait espéré être tombé sur un de ses camarades mutants, et elle ne pensait pas une seconde que la deuxième personne pouvait peut-être la tromper. Pour l’alpha, il semblait si normale de dire la vérité que les mensonges étaient plutôt invraisemblables. C’était quelque chose d’assez incompréhensible pour elle. Mentir ne faisait qu’apporter des ennuis de ce qu’elle avait lu, alors elle n’arrivait pas encore à tourner la vérité de manière opportun pour elle.

« Excusez-moi alors, j’ai cru faire face à une camarade. Je vous demande pardon pour vous avoir dérangé. »

Peut-être était-ce un peu trop, mais le côté enfantin de Verity lui dictait d’agir ainsi. En parlant de camaraderie, elle ne sortait aucun mensonge, mais en même temps elle pouvait laisser croire à un simple groupe d’amis. C’était un peu bancale comme manière d’agir, mais la brunette n’avait pas encore appris toutes les ficelles pour être une bonne fugitive en quelques mois.

Ne se voulant pas insistante, Verity s’apprêta à faire demi-tour pour continuer son petit tour en ville, avant de se stopper dans son élan et refaire face à la blonde. Même si elle sentait que ce qu’elle allait demander aller sembler être une question stupide, elle voulait en profiter, quitte à créer un peu plus d’incompréhension. Mais la brune ne semblait pas percuter l’ampleur de la situation si une oreille indiscrète venait à passer.

« Je vous dérange encore… Mais j’ai une petite question qui peu sembler assez étrange. On m’a expliqué comment fonctionnait ces machines à sous, mais on m’a dit qu’il fallait une carte spéciale. Vous savez comment on peut s’en procurer ? »

Juste après l’avoir posté, elle avait subitement honte de sa question. Elle était tout à fait en âge de savoir cela, mais à cause de sa captivité, elle ne pouvait le savoir. La miss espérait juste que son interlocutrice n’allait pas la prendre pour une folle échappée d’on-ne-sait-où.

On reprochait facilement à Verity d’être un peu trop enfantine ou innocente parfois, mais la miss ne changeait pas vraiment. Elle avait débarqué dans un monde où elle ne connaissait presque rien, et même si elle s’adaptait bien, il lui arrivait de se trouver quelques fois à côté de la plaque. Et encore ce jour-là, ça n’avait pas vraiment raté. Non seulement elle était allée demander de but en blanc à une parfaite inconnue si elle aussi était une alpha, mais en plus elle s’était elle-même désignée comme mutante en parlant de ses semblables. La brune n’avait pas vraiment fait attention à ce qu’elle disait et même après en avoir parlé, elle ne semblait pas saisir son erreur. Il lui suffisait de tomber sur la mauvaise personne pour se faire prendre par l’armée et ainsi perdre sa liberté, mais même ça elle ne semblait pas en saisir l’importance des conséquences.

En voyant l’air de la blonde changer sensiblement lorsqu’elle avait posé sa question sur les distributeurs de billet, l’alpha se sentit un peu bête sur le moment. On lui avait dit de jouer le rôle d’une personne qui ne devait pas être ignorant, mais c’était plus fort qu’elle. Même si ça semblait l’enfoncer un peu plus, elle avait demandé à la jeune femme si elle savait comment se procurer une carte bleue et Verity ne s’était pas vraiment attendu à sa réaction. Elle écouta en silence, comme une enfant face à un parent, les recommandations pour fuir les Omega et elle afficha un petit sourire quand l’inconnue s’identifia comme une Upsilon. Bien qu’elle ne connaisse pas toutes les subtilités du projet Avalon, Verity avait entendu parler de ces mutants qui s’étaient rebellés et avaient fui le fort. Cela n’avait été que des rumeurs quand elle se trouvait encore entre les mains des scientifiques, mais il en fallait peu pour que l’alpha assimile ces rumeurs qui s’avéraient vrais.

« En effet, je ne sais pas comment vous remercier, on en a jamais fait autan pour moi. »

Même si elle était un peu décalé par rapport à tout ce qui se passait, Verity se sentait un peu gênée de la situation, alors qu’elle prenait le cadeau qu’on lui faisait de manière hésitante. Le mieux qu’on avait fait pour l’aider, était sa patronne qui avait accepté de l’embaucher et de la payer en liquide alors qu’elle n’avait rien pour prouver quoi que ce soit. Même si elle faisait du bon travail à la librairie, d’autre auraient sûrement était moins sympathique avec la brune et elle ne sait pas vraiment comment elle s’en serait sorti.

À la proposition d’allez ailleurs, Verity l’accueillit avec un sourire. Elle commençait à comprendre qu’il fallait se méfier des oreilles indiscrètes, et jeta un rapide coup d’oeil autour d’elle.

« Volontiers. On pourrait peut-être se trouver un endroit au calme ? »

Elle avait proposé cela comme ça, mais ne connaissant pas bien le coin, Verity ne savait que proposer. Elles pouvaient toujours se trouver un bar avec peu de monde où il y aurait un coin assez en retrait, et c’était ça qu’elle avait cherché en regardant les façades avoisinantes. La brune avait saisi qu’en agissant de manière normale, et donc en imitant les autres, elle attirerait peut-être moins l’attention sur elle et pourrait discuter avec l’Upsilon de manière assez tranquille.

« Au fait, je me nomme Verity. Je suis ravie de faire ta rencontre. »

Agissant encore de manière enfantine, Verity s’était dit qu’il serait plus simple si elle se présentait à la blonde. Alors elle n’avait pas hésité une seule seconde à révéler cette information à son sujet, ayant déjà placé une part de confiance en elle.

Spoiler: